
Comprendre les Meilleures Techniques Disponibles (MTD) pour traiter les réseau incendie contaminées aux PFAS
Les PFAS : un défi environnemental et technique
Les PFAS – ces substances chimiques ultra-résistantes aussi appelées « polluants éternels » – posent un problème de contamination durable dans les réseaux d’eau. Ils sont utilisés depuis des décennies dans de nombreux produits industriels, notamment les mousses anti-incendie. Problème : une fois présents dans l’environnement, ils y restent, s’accumulent et présentent des risques toxiques avérés.
Aujourd’hui, les autorités européennes imposent des normes très strictes pour encadrer la présence de PFAS, et exigent l’usage des Meilleures Techniques Disponibles (MTD) pour les éliminer efficacement des effluents industriels et urbains.
1. Quelles limites s’appliquent aujourd’hui ?
Même à très faible dose, les PFAS sont considérés comme dangereux. Les seuils réglementaires sont donc extrêmement bas – souvent mesurés en nanogrammes par litre (ng/L).
Voici les principaux repères à connaître :
-
Eau potable : la directive européenne impose dès 2026 une limite de 0,1 µg/L pour un groupe de 20 PFAS, et 0,5 µg/L pour le total de tous les PFAS.
-
Eaux de surface : des valeurs guides encore plus strictes sont proposées, comme 4,4 ng/L pour 24 PFAS (norme en cours de discussion à Bruxelles).
-
Stations d’épuration urbaines : une surveillance obligatoire est introduite pour les stations traitant les eaux de plus de 10 000 EH, avec des méthodes de mesure harmonisées d’ici 2027.
-
Industries soumises à autorisation environnementale : toute installation susceptible d’émettre des PFAS doit fixer des limites de rejet spécifiques dans son permis d’exploitation.
Même si aucune norme unique ne s’applique encore à tous les rejets industriels, les autorités exigent déjà que les exploitants réduisent leurs émissions au minimum techniquement possible.
2. Pourquoi et comment appliquer les MTD ?
Les PFAS ne sont pas éliminés par les traitements classiques. Les stations d’épuration biologiques, par exemple, sont inefficaces contre ces composés. C’est pourquoi les exploitants doivent ajouter des étapes de traitement avancées, en accord avec les MTD définies au niveau européen.
Que sont les MTD ?
Les Meilleures Techniques Disponibles sont définies comme les solutions les plus efficaces et éprouvées, à la fois techniquement faisables et économiquement viables, pour réduire l’impact environnemental d’une activité.
Elles sont formalisées dans des documents appelés BREF, mis à jour régulièrement, et servent de référence pour encadrer les autorisations d’exploitation.
Dans le cas des PFAS, les MTD visent à :
-
capturer les molécules dans les effluents (charbon actif, résines, membranes),
-
détruire les PFAS extraits (incinération, oxydation avancée, etc.),
-
et garantir l’absence de transfert de pollution vers un autre milieu (ex : des eaux vers les boues).
3. Quelles sont les techniques disponibles aujourd’hui ?
Voici les solutions techniques les plus utilisées – souvent combinées en cascade – pour atteindre les performances exigées :
🔹 Adsorption sur charbon actif
Très efficace pour les PFAS à longue chaîne. Technologie éprouvée, mais nécessite la gestion des charbons saturés (régénération ou destruction).
🔹 Résines échangeuses d’ions
Souvent plus performantes que le charbon pour les PFAS à chaîne courte. Régénérables, mais la solution de rinçage est à traiter.
🔹 Membranes (nanofiltration, osmose inverse)
Très haute efficacité. Idéal pour séparer les PFAS dans un concentrat. Limite : coût élevé et gestion du concentrat nécessaire.
🔹 Destruction thermique
L’incinération à haute température (>1100°C) reste la solution de référence pour détruire les PFAS extraits. Doit être rigoureusement encadrée.
🔹 Techniques émergentes
Oxydation par radicaux, plasma froid, électro-oxydation : prometteuses mais encore en phase pilote.
4. Quelle stratégie pour traiter efficacement ?
La logique actuelle repose sur une approche multi-barrières, combinant plusieurs étapes successives de traitement:
-
Concentration des PFAS par membranes,
-
Polissage avec charbon ou résines,
-
Destruction du concentrat et des médias saturés.
Ce schéma permet de viser l’objectif : zéro rejet de PFAS dans l’eau, tout en respectant les exigences réglementaires.
En résumé
✅ Les PFAS imposent des traitements poussés, même à très faible concentration.
✅ L’Union européenne impose un principe clair : traiter avec les meilleures techniques disponibles.
✅ Plusieurs solutions efficaces existent déjà, d’autres arrivent.
✅ Les exploitants doivent anticiper et intégrer ces exigences dans leurs process.
Conclusion
Les PFAS représentent un défi technique majeur pour l’industrie. La réglementation européenne, en constante évolution, exige des résultats ambitieux. Pour y répondre, il faut combiner expertise technique et anticipation réglementaire. L’application stricte des MTD est aujourd’hui la seule voie réaliste pour concilier continuité d’exploitation et protection de l’environnement.